dimanche 27 décembre 2009
A VOIR ABSOLUMENT !
lundi 14 décembre 2009
Une si belle découverte...
Le résultat est fascinant (je mets mes 3 toiles préférées au dessus). Alors qu'avant les œuvres regorgeaient de couleurs, qui semblaient presque déborder de la toile, on voit maintenant beaucoup du fond blanc.
Bref, je vous recommande chaudement d'aller faire un tour au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, qui par ailleurs est un très beau musée, sous-estimé par le public, et de vous faire un petit plaisir d'avant Noël en allant faire le plein de couleurs, d'abstraction et de poésie contemporaine !
PAS CONTENTE !
Cette année, je manquerai de temps pour écrire sur mon blog, et je m'en excuse.
Mais je reviens aujourd'hui !
Avec un billet d'humeur... comme mon titre l'indique.
Je suis allée voir dimanche dernier l'exposition du musée Marmottan intitulée "Fauves et expressionnistes dans la collection du musée Von der Heydt à Wuppertal".
Le principe est simple. Wuppertal est une ville qui bénéficia des dons abondants de la famille Von der Heydt, qui était très proche de nombreux artistes d'avant-garde du début du XXe siècle, comme ceux de "die Brücke", du "Blau Reiter", les fauves français, puis les expressionnistes allemands après la Première Guerre Mondiale.
Et le musée Marmottan expose une sélection de ces œuvres.
La sélection est belle. Quelques chefs-d’œuvre, selon mon humble avis, comme ce petit Kandinsky, les rues de Munich.
Kandinsky, Maisons à Munich, 1908, musée Von der Heyt, Wuppertal
August Macke, Paysage avec trois jeunes filles, 1911, musée Von der Heydt, Wuppertal.Je ne mets ici que deux reproductions, mais de nombreux tableaux sont de très bonne qualité et illustrent bien, pour un connaisseur de la période, les influences, la modernité et les évolutions de ces artistes modernes.
Mais c'est bien là qu'est l'os, si je peux me permettre. En terme d'explications, on ne trouve que deux panneaux dans l'exposition : l'un expliquant l'histoire du musée Von der Heydt, et l'autre le thème de l'exposition. Je ne me rappelle pas la formulation précise, mais le principe de l'exposition est de montrer le fil qui relie les différents courants que j'ai cités plus haut. Bon. Cela me semble être un bon programme. Et effectivement, l'ensemble d'œuvres serait un terrain parfait pour montrer les différences et les influences entre groupes et artistes.
Mais une fois passés ces deux panneaux, plus rien. Le musée s'est contenté d'exposer les œuvres les unes après les autres, dans un ordre qui semble pouvoir être remis en cause, sans expliquer en aucune façon quelle est la différence entre "die Brücke" et le "Blau Reiter", ou quelles sont les origines du mouvement expressionniste.
Les œuvres se suivent, ne se ressemblent certes pas, mais un simple visiteur, non spécialiste du début du XXe siècle en Allemagne (je m'inclue dans cette définition) a beaucoup (trop) de mal à comprendre quoi est quoi, quoi vient d'où et pourquoi.
Ce qui est scandaleux. Depuis quand faire une exposition temporaire se réduit-il à un accrochage ? Où est la réflexion ? Où est la pédagogie ? Où est le guidage du néophyte parmi des œuvres certes belles mais tout de même déjà complexes ? Où est le propos ?
Si vous voulez comprendre, il vous faudra, en plus des 9 euros du ticket d'entrée, acheter pour 29 euros le catalogue, et là tout est expliqué. A nouveau une question : depuis quand faut-il acheter un catalogue pour comprendre une exposition ? Pour approfondir certes, mais pas pour comprendre...
Comme je l'ai dit dans mon titre, je ne suis pas contente. Et là, je me retiens, je ne rentre pas dans les détails. Je suis déçue. Car comme je l'ai dit, les œuvres sont belles, difficiles, riches de sens et de nouveauté. Il faut aller les voir, car elles ne seront pas visibles de sitôt en France après cette expo. Mais l'absence complète d'idée, de concept, m'a gâché mon plaisir.
Pour retrouver ma sérénité, je me tourne vers Kandinsky, Macke, et Erbslöh. Je respire, je me remplis de leurs couleurs puissantes, encore plus belles en vrai, et, doucement mais sûrement, je souris de plaisir.
Adolf Erbslöh, Jeune fille à la jupe rouge, 1910, musée Von der Heydt, Wuppertal
dimanche 19 juillet 2009
Où je vais à mon premier défilé de mode...
Story of a perfect and rainy day
Enchantement…
Waddesdon est une source d’infinis plaisirs…
Les scones moelleux recouverts de triple crème, comme dit Mr Leben.
La compagnie cultivée, passionnante et charmante du même Mr Leben, conservateur du château.
La visite du château, longue et excitante, où à chaque porte qui s’ouvre le cœur bat plus vite de savoir ce qu’il y a derrière.
De voir des meubles de Marie-Antoinette, de toucher des vases, des tissus.
La découverte d’une collection incroyablement riche, où Guardi, Riesener, Leleu, Watteau, Pater, Lancret, Greuze, Dubois, Benneman se multiplient dans chaque pièce.
Carlin, la délicatesse de la porcelaine de Sèvres et la pureté du bois de rose.
Mme de Polignac, charmante peinte par Vigée Lebrun.
Les détails drôles montrés avec humour par Mr Leben.
Les écuries, jolies comme tout, où l’on trouve de l’art contemporain.
La totale perfection des jardins, qui sont l’incarnation parfaite de l’accord possible entre l’homme et la nature, l’équilibre délicat entre nature et culture, la sublime adéquation entre artificiel et naturel.
La promenade sous la pluie, le cœur qui bat à chaque tournant de découvrir une nouvelle vue, un bel arbre, une perspective, une prairie verte comme un rubis mouillé, parsemée d’arbres centenaires, nobles et puissants, qui donnent un sens au monde, au temps, qui sont une permanence dans nos vies.
Le sentiment de paix, d’adéquation, être là où on doit être et en profiter chaque seconde qui passe.
L’élégance chantournée de la volière rocaille.
Les douces ondulations vertes des collines du parc.
L’impression d’être Elisabeth Bennett marchant dans les allées de Pemberley.
La gentillesse des gens qui travaillent au château, qui me félicitent quand Mr Leben dit que je suis en stage au V&A.
La beauté de la campagne anglaise.
La fraîcheur des gouttes de pluie sur mon visage quand je marche dans les allées.
Mes courses pour m’abriter des trombes d’eau qui tombent.
Mon Closer qui me sert de parapluie.
Mes cachettes sous des pins en attendant Mr Ali le taxi sous la pluie.
Ecouter le bruit de la pluie.
Sentir l’odeur de la nature mouillée (la mienne aussi, chien mouillé…)
La course folle de dizaines de lapins dans un champ éclairé de soleil couchant dans le train du retour.
L’envie de continuer à découvrir ce pays intriguant, où tant de beauté existe, et qui reste si beau sous un ciel gris, mystère…
To be continued !
lundi 11 mai 2009
Découvrir To Be Still d'Alela Diane
Je crois bien que c'est la première fois que j'écris sur un album qui vient de sortir. C'est parce que j'estime que je n'ai pas ce qu'il faut pour parler de la musique actuelle... Je peux bien donner mon avis sur une interprétation de La Mer de Debussy, et j'ai quelques bases en musique classique, mais je ne sais pas voir dans une chanson récente les influences et les antécédents... Je crois même que je manque d'une culture musicale de base en matière de musique contemporaine.
Ceci dit, ça ne m'empêche pas d'avoir des coups de coeur, et je voudrais aujourd'hui dire deux mots du nouvel album d'Alela Diane, nouvelle icône folk de l'Amérique.
J'ai entendu pour la première fois la voix envoûtante de cette chanteuse en juin 2008, avec l'album The Pirate's Gospel, alors que son succès en France commençait à peine...
J'ai aimé la mélancolie de ses ballades, la profondeur de sa voix, la douceur de ses mélancolies. A écouter : "My Tired Feet", et "The Rifle" par exemple. Sobriété parfaite.
To Be Still est sorti il y a peu, et je n'ai pas regretté de l'avoir acheté.
Mais c'est un album qu'il ne faut pas écouter une seule fois. Il faut se plonger un peu dedans, et à force de l'écouter, les chansons prennent forme, on s'y attache, pour finalement ne plus pouvoir s'en détacher.
Ici, moins de mélancolie et de spleen, c'est moins intimiste mais il y a toujours une atmosphère douce, poétique, hors du temps, magique...
Je vous conseille particulièrement "White as Diamonds" et "My Brambles".
Une belle parenthèse de légèreté, d'humanité, et de quiétude, comme le titre l'indique. A savourer !
Le charme suranné d'une vieille comédie musicale américaine
Hier dimanche, jour de pluie et de flemme : je regarde The Band Wagon, ou Tous en scène en version française. Autrement dit, un chef d'oeuvre de Vicente Minelli avec Fred Astair et Cyd Charrisse.
mercredi 6 mai 2009
Du bonheur à Pompidou : Kandinsky parmi nous !
J'ai mis du temps, mais j'écris enfin sur l'expo Kandinsky à Beaubourg.
Oui, je l'ai vue il y a 2 semaines cette expo, mais j'ai du attendre pour écrire, attendre que son souvenir ne soit plus si aveuglant, et que je puisse être un minimum objective sur ce que j'ai vu...
Le souvenir n'est plus aussi aveuglant. Quant à l'objectivité, hum, il semble bien qu'elle soit impossible, Kandinsky étant un de mes peintres préférés, qui m'a toujours fait sentir des choses incroyables (je deviendrai même voleuse pour avoir un petit bout d'une toile mais chut !)...
D'abord, très belle expo.
Tout est blanc, et les peintures resplendissent dans leur écrin, rien ne dérange la contemplation.
Tout est grand. Il y a de la place pour se reculer, admirer, se reposer l'oeil... L'art y respire. Cette expo a sans doute été prévue pour être un "hit", et la circulation des foules semble possible. Bon point !
Détail déstabilisant et très très réussi : la place des cartels. Ils sont à 2m de haut, au dessus des tableaux ! Ils sont bien lisibles, car écrits en gros, et leur place évite les entassements de personnes tout près d'un tableau : pas besoin de se plier en deux pour lire un écriture minuscule. seul petit défaut : aucune indication sur la technique. Là, mon père me dit que c'est une déformation professionnelle de dire des choses pareilles, mais il a bien du reconnaître que pour des aquarelles, ne pas savoir si le noir est de l'encre ou autre chose, c'est embêtant... Mais il n'en reste pas moins que ce choix muséographique est bon.
Sur Kandinsky, que dire... ?
Les différentes phases de sa création sont clairement montrées. On sent dès les premières toiles que son pinceau et sa couleur le démangent, et qu'il n'attend qu'un signe pour passer aux explosions qu'on lui connaît.
Le plus fascinant chez Kandinsky, ce sont justement ces couleurs. Leur parfaite harmonie, leurs nuances, leurs dégradés... Debout devant une toile comme l'Improvisation 19, de 1911 (Munich), je souris, j'ai le coeur léger, j'entends la musique des couleurs dans ma tête, j'ai envie de rire, de sauter. Poésie et bonheur à l'état pur !
Sa dernière phase, par contre, beaucoup plus géométrique, ne m'a pas beaucoup convaincue. Avec les lignes droites, il perd en fluidité, il gagne en sécheresse, la joie est perdue.
Il n'en reste pas moins que Kandinsky est un des plus grands, qu'on soit fan ou pas...
A voir, à voir absolument : une telle concentration de beauté, de couleurs, de joie tout simplement, c'est à ne pas rater dans une vie !
mardi 28 avril 2009
Havre de paix : le musée Delacroix
Guimard dans Chéri !
Et elle vit.... dans l'hôtel Mezzara ! Celui-là même que nous avons vu, 60 rue de la Fontaine et qui a été construit en 1910 pour un industriel du textile, qui lui donne son nom.
Amour et Art Nouveau, que demander de plus ??
lundi 27 avril 2009
L'étrange monde de William Blake...
Personnellement, j'ai toujours trouvé difficile d'apprécier les corps torturés de Blake, mais il existe une intensité dans son œuvre, une puissance qui empêche parfois de quitter une gravure des yeux...
dimanche 5 avril 2009
Du pop au Palais
lundi 23 mars 2009
Petit coup de foudre
Je n'ai pas trouvé les photos, mais je vous mets deux autres toiles de cette artiste, qui donnent une idée de ce que j'ai aimé. J'espère qu'elles éclaireront votre journée comme elles ont éclairé la mienne. D'ailleurs elles continuent encore aujourd'hui... Ce n'est pas grandiose, c'est un peu de couleurs, un peu de joie et ça fait sourire !
Claudie Laks, Entrelacs, septembre 2007
lundi 2 mars 2009
Finesse et brusquerie : la Grande Martha
Je n'ai pas souvenir d'avoir déjà entendu Martha Argerich avant ce soir, où alors il y a longtemps. Il est incroyable de voir le contraste qu'elle porte en elle. Elle a une finesse de jeu parfaite, exquise parfois, puissante à d'autres moments, ses mains ondulent et volent sur le clavier, elle donne au mouvement lent du concerto une douceur, une sensibilité... Elle s'accorde avec l'orchestre avec des fondus, comme au cinéma. Elle me fait pleurer.
Puis à l'instant où elle a posé sa dernière note, elle saute de son tabouret et se jette quasiment au cou du chef d'orchestre et s'exclamant ! Puis quand elle revient pour un bis, elle balance son mouchoir en tissu sur le piano, se précipite au piano et se lance dans le morceau sans même respirer, presque brutalement... Elle salue abruptement, fait des commentaires aux violons, puis s'en va sur un coup de tête !
En une seule personne : une sensibilité artistique fascinante, une dextérité technique rare, et une brusquerie, un manque d'élégance complet. L'essence du génie ?
12 minutes...
Première expérience ce soir à Pleyel. L'Orchestra d'ell'Accademia Nazionale di Sante Cecilia de Rome jouait le Concert Românesc, daté de 1951.
En quatre mouvements, l'affaire était pliée : j'ai aimé la sensibilité, les solos si élégants et la douceur du larghetto. Puis j'ai aimé l'humour, le rythme enlevé et le côté sautillant de l'allegro vivace. J'ai apprécié l'étrangeté et l'aspect lointain de l'adagio ma non troppo, avec ses traces de Stravinski. J'ai ri au presto poco sostenuto, car Ligeti nous fait passer d'un moment d'angoisse sourde, où le bourdonnement des cordes nous oppresse, à une danse roumaine joyeuse et drôle !
L'orchestre et le chef d'orchestre, Antonio Pappano, étaient parfaits. Tous les musiciens suivaient au millième de seconde, avec finesse et intelligence, et le premier violon était brillantissime. Au final, pas un couac, pas une erreur (audible en tout cas..). Parfait pour une introduction à un nouveau compositeur.
Bien sûr, il va me falloir approfondir tout ça... Le Concert Românesc ne suffit pas.
Mais il n'est reste pas moins que j'ai été fascinée, émue et touchée pendant 12 minutes intenses, sans pouvoir arracher mon regard de la scène, et tant de bonheur en si peu de temps, grâce à la musique, c'est assez rare pour que je remercie Ligeti et l'orchestra d'ell'Accademia Nazionale di Santa Cecilia !
mardi 24 février 2009
Catharsis bollywoodienne : non au snobisme !
Ce post a pour but lui aussi de crier - sans doute moins d'injurier - et de mépriser les snobs, ceux qui se refusent du plaisir pur et direct sous prétexte d'intellectualisme.
Bollywood est un cinéma d'une importance sociétale, économique et culturelle fondamentale pour un pays qui prend tous les jours une place plus grande dans le monde, l'Inde.
Un Bollywood en Inde, c'est toute la famille qui s'y retrouve, on amène ses coussins, son diner, sa boisson. Oui, tout ça, car un Bollywood dure au moins 3h... Et pour avoir vu un Bollywood dans une salle où se trouvaient des Indiens, j'ai pu entrevoir le phénomène qui se déroule durant le film. A chaque chanson, chorégraphie, tout le monde se lève, tape dans ses mains, reproduit la chorégraphies au bout de quelques minutes, et chante. Une authenticité du plaisir et un sincérité des sentiments absolument impossibles à trouver dans une salle de cinéma française. Oui, on rit, parfois on verse une larme, mais ca ne va que rarement plus loin. Le cinéma est passé d'un moment d'émotion pure à un moment comme un autre, où la règle veut qu'on soit à distance de ce qu'on voit.
Pourquoi ?? Pourquoi bouder un plaisir immédiat ?? Ne devenons pas tous téléramiesques, c'est à dire intellos et difficiles à contenter...
Dans un Bollywood, quand le héros voit l'héroine pour la première fois, les violons jouent, elle est de dos, puis elle se retourne en faisant bouger ses cheveux comme dans une pub de shampoing, tout est au ralenti... A chaque moment d'émotion, le vent souffle dans les cheveux des personnages. A chaque moment joyeux ou amoureux, le couple danse sur des sommets de montagnes, en chantant son amour...
Chaque Bollywood a une morale, simple, principalement sur les valeurs de la famille et de l'amour. Mais la morale n'est pas le but, comme c'est toujours le cas dans les films européens (le cinéma hollywoodien est beaucoup plus proche du bollywoodien qu'on ne le croit). Je l'ai dit : le plaisir est le but. Celui de la musique, de belles actrices, de beaux acteurs, de jolies chansons, de belles histoires d'amour, des chorégraphies drôles et jolies (pas toujours, mais souvent).
Un Indien vit devant un Bollywood, il réagit, il ressent, il bouge. Bollywood est l'équivalent de ce qu'était pour nous le théâtre il y a encore quelques centaines d'années : un lieu d'expression et de partage. Bien sûr, tous les Bollywoods ne sont pas bons, certains sont ringards, d'autres de seconde zone, d'autres trop longs, d'autres ridicules...
Mais il n'en reste pas moins qu'un Bollywood est une catharsis, un moment pur d'émotions au premier degré. Bollywood, c'est la nouvelle agora : un théâtre de sentiments et de comédie humaine.
Bruges : frites et Renaissance
A trois heures de Paris, Bruges est un autre monde, celui du Nord, qui s'ouvre à moi, parisienne et française jusqu'au bout des ongles, pour la première fois.
Tout est ancien. Et pas ancien du XIXe siècle, comme c'est le cas à Paris. Mais ancien du XVIe siècle, voire avant... Sur les maisons, des plaques de pierre gravées marquent 1452, ou 1556 !
Tout sent la frite et quand Brel chantait "ça sent la bière de Londres à Berlin", j'ai pu changer un peu les paroles : "ça sent la frite, de Bruges à Bruxelles"... Car oui, au delà de tout cliché, Bruges sent la frite, et la gauffre, et si le chocolat ne sent pas, on salive à chaque vitrine de chocolaterie, et elles sont nombreuses...
Tout est paisible. Dans certains coins de la ville, on entend seulement les oiseaux et les fers des chevaux sur le pavé, on se sent transporté loin, dans le temps et l'espace. Retour à la Renaissance flamande telle que je me l'imaginais...
Tout est joli, sous le soleil. Tout est suranné, vieux rose, charmant, étonnant, apaisant...
jeudi 5 février 2009
Depuis le premier rang... (de la Salle Pleyel)
Depuis le premier rang, je me suis laissée enrouler, envelopper, envoûter par les vagues sonores de Pärt, par la montée en puissance progressive de l'orchestre, par l'explosion du son, ses envolées, je suis entrée dans la musique, j'étais au coeur de l'orchestre...
Depuis le premier rang, j'ai découvert la Sinfonia de Requiem de Britten, de 1940, j'ai bien senti l'angoisse sourde du début, j'ai entendu le tragique du Lacrymosa, puis j'ai ressenti la colère de Dieu dans le Dies Irae, dans la cavalcade des instruments, et je me suis laissée surprendre par les douces mélodies du Requiem final...
Depuis le premier rang, j'ai écouté la Messe en ut mineur de Mozart.
Depuis le premier rang, j'ai vu la soprano devenir toute rouge quand elle a lancé son contre ut, j'ai vu le ténor chantonner les mélodies du choeur, j'ai vu le basse soupirer d'ennui quand il ne chantait pas, j'ai vu la seconde soprano lancer des regards d'envie à la première, j'ai vu une altiste rigoler en plein morceau quand son voisin de pupitre s'est planté dans le rythme, j'ai vu que les violonistes ont un métier très physique, mais j'ai vu aussi le chef d'orchestre Paavo Järvi parler à son orchestre avec ses mains, j'ai eu des vibrations dans le ventre quand la soprano chantait, j'ai frissonné quand le choeur a atteint toute sa puissance...
Depuis le premier rang, je suis rentrée dans la vie de l'orchestre, dans sa complexité, dans ses difficultés, dans ses complicités, dans sa dynamique. Depuis le premier rang, j'ai appris plein de choses, j'ai donné une réalité physique à la musique que j'aime tant entendre. Depuis le premier rang, j'ai brisé un peu du rêve, du mythe, mais je ne le regrette pas...
mardi 27 janvier 2009
De la contemplation chez Rothko
Grande expo Rothko à la Tate en ce moment. Le titre complet est "Rothko : The Late Series". L'expo présente effectivement les séries qui datent des années 1950, jusqu'à 1970.
Mark Rothko, "Number 1", 1964, Kunstmuseum, Bâle.
Regarder un Rothko, c'est une plongée dans l'inconnu, c'est à la fois un aveuglement et une illumination. Et c'est de toute façon une expérience personnelle incroyable, que cette expo que je vous conseille, permet magnifiquement.
De la muséographie, Chapitre II
Un sentiment anglais
Échantillon de sensations :
J'ai été dans 3 musées, et cette histoire de gratuité de tous les musées donne une sensation étrange de liberté et de démocratie. Ce n'est pas tant de ne pas payer (étant étudiante en art, je ne paie jamais mes entrées dans les musées), mais c'est d'entrer librement. Il n'y a pas de contrôle, pas de passage obligé, chacun vient passer un moment ici où là, discuter, se poser, voir une ou deux oeuvres, ou passer la journée. Mais on s'y sent chez soi, on n'y est pas impressionné, on n'a pas peur d'entrer, d'avancer... Ce qui est loin d'être le cas au Louvre, ou à Orsay, ces "monstres", si riches mais si intimidants !
Ici, cette liberté si simple qui nous est offerte m'a donnée l'impression que les oeuvres sont une propriété de tous, un bien commun à l'humanité que chacun a le droit de partager. Un sentiment d'universel... Simplement de faire partie de cette communauté d'humains qui créent et admirent, qui aiment ou n'aiment pas ! Je ne veux pas paraître sentimentale ou trop idéaliste, et ces ressentis dont je parle ne sont pas venus instantanément durant mes visites. Mais petit à petit, je me suis sentie incroyablement à l'aise à la Tate Modern, au Victoria and Albert Museum ou à la National Gallery, libre d'entrer et de sortir, de revenir ou pas, de ne faire que passer ou de rester deux heures devant "Evening Star" de Turner, de me perdre dans les salles et les couloirs, et de me retrouver en voyant un Sisley ou un Kandinsky...
Une belle expérience, car contrairement à ce que mon cursus pourrait faire croire, je ne me sens que très rarement à l'aise dans les musées, et si j'ai un plaisir immense et insatiable à regarder du beau, cela ne suffit pas...
Mais mon aventure anglaise m'a confirmée qu'un musée peut être une "home sweet home", mais un "home sweet home" commun à tous !